Revue de presse novembre 2021
French national survey on immune checkpoint inhibitors-induced nephropathy
Par Marie-Camille Lafargue
Introduction :
Les immunothérapies représentent à ce jour une classe thérapeutique largement utilisée en
oncologie. Même si l'objectif est d'activer une réponse immunitaire dirigée contre les cellules
tumorales, ces thérapies peuvent entraîner des effets indésirables immun-médiés.
Ici, les auteurs ont cherché à décrire les caractéristiques cliniques et anatomopathologiques des
patients ayant développé une néphropathie sous immunothérapie, prouvée histologiquement, à
partir de la base de données française de pharmacovigilance.
Méthode :
Soixante-trois cas de néphropathies associées aux immunothérapies, confirmés histologiquement,
ont été identifiés à partir du registre national français de pharmacovigilance, établi en 1985. Cette
étude analytique descriptive rétrospective excluait les patients avec une atteinte rénale sans biopsie
ou rattachée à une autre étiologie.
Résultats :
L'incidence de la toxicité rénale des immunothérapies est de 3 à 6,1% selon la molécule. Le
nivolumab étant la molécule la plus fréquemment en cause (57%). Les néphropathies associées aux
immunothérapies représentent 0,9% des cas de néphropathies iatrogènes.
Caractéristiques cliniques des néphropathies sous immunothérapies (min/max):
-
Sexe : Homme 69,8%
-
Âge moyen : 69ans±12,7ans(30à91)
-
Comorbidités : HTA 52,4%
-
Créatinine de base moyenne : 96μmol/L ± 23 (46 à 140)
-
Délai d'apparition : 105,5 jours ± 98,6 (8 à 466)
-
KDIGO AKI 3 : 36,5% dont 7,9% en hémodialyse
-
Traitements associés : o IPP : 43,4% o Diurétiques : 30,2% o Inhibiteurs du système rénine angiotensine : 32,1% o AINS : 9,4% o Autres traitements anti-cancéreux néphrotoxiques : 6,3%
Association avec un autre effet indésirable immun-médié : 39,7%. Pas d'association avec AKI plus sévère ou mauvais pronostic o Hyperéosinophilie : 11% o Atteintes cutanées : 11%
Caractéristiques anatomopathologiques :
-
Néphropathie tubulo-interstitielle aiguë: 82,5%. Infiltrat prédominant de cellules inflammatoires.
-
Nécrose tubulaire aiguë : 28,6%. Associée à une NTIA dans 66,7% des cas.
-
Atteintes glomérulaires : 7,9%. Types d'atteintes : GEM, HSF, ischémie glomérulaire, vascularite, réaction granulomateuse;
Le traitement de la néphropathie associée aux immunothérapies a consisté en l'arrêt de celle-ci. Dans 88,9% des cas, une corticothérapie a été instaurée. Aucun cas traités par immunosuppresseurs.
Outcomes :
-
1 décès
-
27% de rémission complète (dernière créatinine < 26μmol/L au-dessus de la baseline)
-
54% de rémission partielle (dernière créatinine entre > 26μmol/L au-dessus de la baseline et
<15% en-dessous du pic de créatinine)
12,7% de non-amélioration (le reste dont hémodialyse)
-
Pas de différence d'outcomes selon l'immunothérapie. Non-amélioration plus fréquente si NTA (p=0,01). Séquelles plus importantes si KDIGO AKI 3.
29,8% des patients ont eu une réintroduction d'immunothérapies. Un seul patient a développé une récurrence.
Conclusion :
Cette étude décrit les caractéristiques cliniques et anatomopathologiques des néphropathies associées aux immunothérapies dans une cohorte française issue du registre national de pharmacovigilance.Les plus :
-
Recueil systématique d'après le registre national de pharmacovigilance
-
Cas prouvés histologiquement
Les critiques :
-
Étude monocentrique
-
Classification arbitraire pour définir l'évolution rénale
-
Nature rétrospective de l'étude même si cas validés par pharmacovigilance, néphrologues, oncologues, et pharmacologues
-
Pas de données sur les analyses urinaires
Infos pratiques :
Lien vers l'article : Immune checkpoint inhibitors-induced nephropathy: a French national survey (https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00262-021-02983-8)
Alexandre O. Gérard, Marine Andreani, Audrey Fresse, Nadège Parassol, Marine Muzzone, Sylvine Pinel, Delphine Bourneau-Martin, Delphine Borchiellini, Fanny Rocher, Vincent L. M. Esnault , Milou- Daniel Drici, French Network of Pharmacovigilance Centers
Cancer Immunol Immunother. 2021 Jun 21. doi: 10.1007/s00262-021-02983-8 IF : 6,968